La vengeance extra-terrestre – Chapitre dixième

Précis de petites vengeances

Depuis les années 1950, les extra-terrestres ont la cote. Et bien oui, ça serait cool d’être tout vert et d’avoir des pouvoirs. Surtout des pouvoirs qui nous permettraient de séquestrer ceux qui nous embêtent avec un simple faisceau lumineux. Surtout s’ils sont plus gros ou plus forts que nous (mesurant 1m60 pour 50 kilos, je vous assure que c’est un grand souci). Mais bon, rien ne nous prouve que les extra-terrestres soient verts, ou qu’ils fassent du vélo comme E.T. D’ailleurs rien ne nous prouve qu’il y ait une existence sur une autre planète au temps T où il y a une existence sur la Terre.

L’hypothèse d’une vie extra-terrestre est basée sur l’équation de Drake. Ça ne vous dit rien et c’est normal. Soit, si on part du principe que l’homme est un produit de l’évolution (et non une petite poupée crée par un dieu), il est tout à fait possible que des entités semblables, ou plus évoluées, aient pu se développer à d’autres endroits de l’Univers. Pour calculer cela, il faut multiplier le nombre d’étoiles de l’univers (7×1022) par la probabilité qu’elles y abritent une civilisations (entre 20 et plusieurs millions). Je vous laisse trouver une calculette pour résoudre cette équation. Et encore, je ne vous ai pas parlé de certains scientifiques qui ajoutent des paramètres (la probabilité d’avoir une planète jouant un rôle de pare-astéroïdes, fallait y penser) à cette équation, déjà inaccessible à mon pauvre cerveau. Bon, faut leur laisser que grâce à leur paramètres, ils concluent qu’une civilisation comme la nôtre pourrait être rare. Alors bon extra-terrestre ou pas, faudrait déjà qu’ils aient envie de nous rencontrer. Imaginez comme on doit être moche pour eux s’ils sont petits et verts ? Et même s’ils en avaient envie, rien ne nous prouve qu’ils possèdent les outils nécessaires pour venir nous visiter.

Et peut-être sont-ils déjà parmi nous ? Notez que votre charmant voisin bricoleur du dimanche matin 8h00 doit être un extra-terrestre pour se lever si tôt.

Et si c’était nos chats ? Quand on connaît ces fameux 10 comportements qui montrent qu’ils veulent nous tuer, ça ne m’étonnerait même pas ! Imaginez, celui qui se fait passer pour votre compagnon à quatre pattes n’est en réalité qu’un petit bonhomme vert venu exterminer la race humaine pour se venger d’un vieille querelle datant de notre époque Homo Erectus, soit le jour où on leur a volé le feu. Lorsqu’il vient presser une patte puis l’autre sur votre torse, ce n’est pas un câlin, c’est un test pour trouver les failles de vos organes internes. Lorsqu’il vous réveille d’un petit coup de coussinet, c’est juste qu’il essaie de vous étouffer, en vain au vu de la taille sa patounette. Il ronge le câble de votre chargeur de téléphone, non il n’a pas un bout d’oiseau coincé entre les dents, il tente en toute discrétion de vous isoler en cas d’attaque inopinée. Il recouvre ses crottes non pas parce que c’est son instinct, c’est un simple entrainement à enterrer un corps. Il vomit après avoir manger l’herbe à chat que vous faîtes pousser pour son bien-être, c’est que vous avez oublié ce rituel indien jivaros, ils se purgent avec de l’herbe avant de partir à la guerre. Il se cache dans des coins sombres pour observer vos habitudes et mieux attaquer. Finalement, il vous ramène des animaux morts. Vous avez toujours cru que c’était un cadeau ? Vous n’avez aucune notion sur la mafia, c’est un avertissement !

Et si on imagine qu’ils sont incapables de nous voir car nous sommes dans des dimensions différentes, ils ne peuvent pas vouloir se venger de nous. Mais ils se vengent sûrement entre eux. Mais s’ils ne sont pas sur notre planète, pourquoi auraient-ils les mêmes instincts que nous ? Et si la vengeance n’était qu’un instinct terrestre. Imaginez comme on pourrait avoir l’air ridicule à vouloir les attaquer alors que ni la guerre, ni la vengeance ne font partie de leur mode de fonctionnement. Vous savez, ce genre de questions est de celles qui vous empêchent de dormir le soir. S’ils voulaient se venger, c’est d’ailleurs un moyen qu’ils exploiteraient : maitriser notre cerveau pour nous empêcher de dormir, nous menant ainsi à la folie et donc au suicide. C’est d’ailleurs ce que les chats font avec leurs miaulements perpétuels et leurs conneries incessantes. Ce qui prouverait encore que ce sont des extra-terrestres venus se venger de notre égocentrisme humain. Imaginez qu’on les ait vexé en les traitant d’extra-terrestres. Il n’y a aucune raison que ce soit nous les « normaux » avec nos deux oreilles qui ne grandissent pas et notre excroissance faisant office de nez.

Et si nous n’étions qu’une émission de télé-réalité pour eux, ils nous ont peut-être offert les chats pour pimenter ce talk-show qu’ils affectionnent tant. Imaginez-les dans leur fauteuils en Blurp vert : « regarde cet humain qui s’amuse à se moquer des autres. Il regarde des gens s’enfermer dans une maison de rêve et se taper dessus ! Qu’est-ce qu’ils sont ridicules ! », comme un humain regardant Secret Story : « Regarde cette pétasse qui essaye de frapper cette fille avec sa savate en plastique. Tout ça parce qu’elle a embrassé son mec quoi ! En même temps, c’est lui le salaud. Qu’est-ce qu’elle est ridicule ! ».

Peut-être qu’ils sont déjà parmi nous, et Sirius, petit corps alien découvert dans le désert de l’Atacama au Chili en serait la preuve. Dans ce cas, ils sont vraiment petits, alors à quoi bon craindre leur courroux. Imaginez vous faire attaquer par une personne (si j’ose dire sans vous vexer Monsieur Sirius) de 15 cm, celle-ci brandissant une épée de 3 cm. Elle peut vous couper le petit orteil, ce qui vous mènerait à perdre l’équilibre et à tomber et donc à être vulnérable. En même temps avec une épée de 3cm, ça peut être long… Ou il a un pistolet réducteur et vous réduit à 10 cm, ainsi il a le pouvoir sur vous avant de vous tuer avec son épée minuscule. Certes c’est tricher, mais c’est efficace.

Peut-être qu’ils sont comme Paul, cet alien qui fume et boit. Alors oui, ce n’est pas un ami exemplaire pour votre maman adorée, mais c’est un ami sincère et entre nous, c’est un ami amusant.

Peut-être que notre surconsommation est en train de détruire leur soleil, alors ils vont envahir la planète et nous exterminer.

Et vous, si vous étiez un extra-terrestre comment vous vengeriez-vous ?

La vengeance est universelle – Chapitre huitième

Précis de petites vengeances

La vengeance pourrait presque être considérée comme une pulsion universelle, ne serait-ce que parce que tous les peuples humains la pratiquent, peu importe la culture ou la religion. Mais lorsqu’on parle d’universel, il faut que ce soit présent dans tout l’univers. Les hommes la pratiquent et les animaux l’accomplissent. On peut donc la considérer comme universelle.

Prenons les singes par exemple :

Un journal Al Riyadh a retracé la vengeance d’un groupe de babouin hamadryas en décembre 2000. Ce babouin a un dimorphisme sexuel très marqué, les mâles ont un long manteau blanc qui s’arrêtent au bassin, chez les humains c’est plus un long pelage foncé qui commencent au bassin. Ce qui nous intéresse là n’est pas le dimorphisme sexuel, ni la couleur des poils, mais le comportement vengeur plus qu’étonnant de ces babouins. C’est dans le Sud-Ouest de l’Arabie Saoudite qu’un automobiliste a osé écrasé un de ces singes sacrés chez les anciens Égyptiens. Les primates se sont placés au bord de la route où l’un des leur a été fauché, trois jours auparavant. Lorsque le véhicule est arrivé, l’un d’eux a poussé un cri perçant, synonyme du début de la vengeance. Une vengeance naturelle en un authentique lancé de pierres. Comme le ferait des humains pour se venger d’un acte qui les révoltent.

Bon, j’avoue que le singe est proche de nous, la preuve avec les bonobos qui résolvent leur conflit par le sexe. Mais nous pouvons tirer ce parallèle de l’universalité de la vengeance avec bien d’autres espèces peu semblables à l’humain.

Le cochon par exemple. Et oui, ça fait mal de savoir que nos organes internes et leurs dispositions sont proches de ceux du porc. Celui-là même que vous mangez, cannibales ! Sans parler de leur odeur. Ça pue, mais ça pue, c’est intenable ! En fait ça sent l’être humain pas propre, le pas propre du je-suis-pas-sorti-depuis-3-ans. Et ouais, heureusement que Jules se douche au moins une fois par semaine ! Quoi qu’il en soit, le cochon est un bon vengeur. Prenez l’histoire (originale pas celles pour les enfants) des trois petits cochons : le loup a détruit les maisons des deux premiers cochons ; le troisième a vengé ses frères en mettant une marmite d’eau bouillante sous sa cheminée, soit le seul chemin qu’a trouvé le loup pour s’introduire chez son ami le petit cochon ; le loup tombe donc dans la marmite et le cochon le mange. Voilà d’où l’humain tire son adage « fais-moi-pas-chier-où-je-te-mange ».

Parlons chats : on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de similitudes physique ou biologique avec l’homo sapiens, ne serait-ce qu’à leur façon de tuer (après avoir bien joué) et leur façon de dormir (pattes cachées sous eux, inconfortable à souhait) on voit bien que l’Homme et le chat ne sont pas fait pareils. Pourtant, et je ne vous apprends rien, ils sont rancuniers, tout comme les humains. Essayez une fois de rire d’un chat qui est tombé, vexé comme un poux il vous boudera. Et un chat qui boude, ça peut être destructeur. Avec ses petites griffes affutée, votre oreiller il éventrera. Avec son urine acide, sur vos chaussures il urinera. Et avec son cul puant, sur votre visage endormi, il se posera. Ah ça peut vous pourrir la vie ce genre de bête, surtout vexé !

Nous pourrions aussi parler de ce cerf qui, fou de rage, frappe un chasseur. Fallait pas essayer de le bouffer ! Et tout le monde le sait, un chasseur sans son chien n’est pas un bon chasseur, et il n’avait pas (ou peut-être plus) de chien. Mais imaginez-vous à sa place, on vous poursuit muni d’un fusil dans le but clair de casser la croûte avec votre chair. Et bien on se défend ! Et par la même occasion, on en profite pour venger nos semblables (qui ont sûrement fini dans vos assiettes, méchants carnivores) par un acharnement déterminé.

Mais encore, les animaux peuvent se venger des années après, une vengeance pour un mal perpétré par le passé. Faites du mal à un ourson, il s’en souviendra le jour où il vous reverra. Encore pire si c’est un éléphant, en effet il a été établi de source sûre que les éléphants de cirque se vengeaient des dresseurs qui les maltraitaient (et attention, ils n’oublient rien, eux, avec leur mémoire d’éléphant. Jeux de mots nuls, ok…).

Outre les situations animaux-humains, il y a aussi des situations où les animaux se vengent entre eux, un peu comme nous. Les personnes qui ont plusieurs animaux, ou ceux qui regardent beaucoup de documentaires animaliers (merci Arte la nuit), ont déjà pu voir ces moments si particuliers où les animaux communiquent. En général, ils parlent en leur « langue », donc on ne comprend pas, mais la suite de la scène est explicite. Pour illustrer ceci, je vais vous parler de mes chats. Ils sont deux, un vieux et un tout petit. Mignons. Sauf, lorsque le petit est arrivé. Nous, méchants maîtres que nous sommes, les avons empêché de sortir, pour pas que la petite boule de poils, nouvellement arrivée, ne se perde. A ce moment-là, on a pu voir le diabolisme s’immiscer dans le vieux chat. Il accusait le petit par des miaulements à chaque fois que la fenêtre était fermée. « Je sais que c’est ta faute ! » imaginait-on. Miaulements impétueux qui précédaient la furieuse vengeance. « Je peux pas sortir à cause de toi, en plus, tu prends toute la place, tu bouffes tout et tu me suis partout ». C’est exactement le genre de frustration que l’on voit chez les jeunes enfants humains. Et bien entre chats, c’est pareil : ils se vengent de ce genre d’injustice. Et ils se vengent comme les petits enfants, par un coup de patte. Dans le dos des parents.

Le vengeance chez les animaux : sentiment amer qui suit une situation où l’animal a été blessé physiquement/psychologiquement et cette rancœur dure jusqu’au moment où il y a vengeance, même s’il faut patienter plusieurs années.

La vengeance chez les humains : sentiment amer qui suit une situation où l’humain a été blessé physiquement/psychologiquement et cette rancœur dure jusqu’au moment où il y a vengeance, même s’il faut patienter plusieurs années.

Pardonner semble la réaction la plus raisonnable, mais souvent on confond le pardon et la faiblesse, alors on préfère se venger, venger ce mal qu’on nous a fait. Même si socialement c’est honteux, ça l’est toujours moins que de se laisser marcher dessus. Et finalement, on est pas si différent de cette troupe de babouins ou de ce cerf. Comme quoi 1+1 font 2, et la vengeance est universelle.

La vengeance en amour – Chapitre cinquième

Précis de petites vengeances

L’amour. Ah, ce doux sentiment. Ah, ce chant harmonieux qui résonne dans vos entrailles. Ah, ces millions de papillons qui s’agitent par la magie d’un regard. C’est beau. Au début !

Oui, l’amour c’est beau au commencement. Chéri. Mon coeur. Doudou. Je t’aime. Malheureusement, le temps a parfois raison de cette engouement si magique. Je te supporte plus. Sors de ma vie. J’ai rencontré quelqu’un d’autre. Bah oui, on ne se venge que lorsqu’on se sent offensé. Et on ne peut reprocher à quelqu’un de ne plus nous aimer. Alors que s’il part pour une autre, déjà c’est pas notre faute (soulagement) mais surtout, c’est pas correct (certes, on ne peut pas empêcher quelqu’un de tomber amoureux, mais on ne craque par sur une autre personne s’il n’y a pas de brèche dans la relation actuelle. En d’autres termes, il y avait une brèche et il n’a su se l’avouer, alors bon, c’est un peu un mensonge).

Donc qu’est-ce qu’on fait quand on se sent lésé ? Et bien, on s’énerve. Et cette énervement nous mène à vouloir se venger. Chaque séparation donne envie de faire chier l’autre. On espère qu’il sera seul et malheureux, bien entendu on camoufle ce souhait sous de banales gentillesses sociales. Pourtant, on souhaite lui pourrir la vie, comme il a osé nous pourrir le coeur. Petits plans machiavéliques et vile méchanceté se mêlent dans un cocktail molotov. Voyez, j’ai déjà élaboré ce que je pourrais faire si mon doudou souhaitait m’abandonner. Vous trouvez ça déplacé ? Non, non, c’est être prévoyant. J’ai déjà imaginé les pires tortures pour ses parties intimes, et je me suis aussi dit que c’était passible de prison. J’ai pensé à le harceler, mais bon, c’est pas une partie de plaisir pour celui qui hante. J’ai du redoubler d’inventivité. On sait que dans une maison, il y a des meubles plus ou moins utiles. Certains couples choisissent de partager chaque achat d’usage commun. Mais, si c’est un achat commun, ce n’est qu’à moitié à toi. Alors, j’ai acheté les tabourets du bar. « Mais pourquoi tu veux absolument les payer toi ? » m’a demandé mon doudou. « Le jour où tu me quittes, bah je prendrais mes tabourets. Et avec ta grognasse, vous mangerez debout ! ». C’est une menace effrayante, il faut avouer. « Oh mais t’inquiète pas, on mangera sur le canapé » me répondit-il en m’enlaçant dans un rire diabolique.

Ok, j’avoue, c’est pas une vengeance du tonnerre, mais ça peut tout de même être agaçant. Et si je couple cette menace à la prolifération de mites de son armoire, je peux même devenir démoniaque ! Imaginez, plus de tabourets de bar pour manger, et pas un seul vêtement présentable pour emmener la grognasse au resto ! Au début d’une relation, c’est important les apparences. Et connaissant mon ours, il devient ultra-méga méchant quand il a faim. C’est doooommmage.

Hormis ces séparations où la victoire est assurée, il y a celles où la bataille est longue. Surtout quand on se bat pour une cuillère toute rouillée et un vieux plaid taché. Il y a des petites batailles qu’on a trop vu. Le coup du téléphone subtilisé qu’on utilise pour faire des canulars ou téléphoner à sa famille à l’étranger au frais du larron. La destruction de son objet fétiche ou de ses vêtements. L’humiliation publique. Mais finalement, tous ces sales coups se ressemblent. Autant que les histoires se ressemblent, tromperies et mensonges en série. Pas très original au final…

On peut aussi ne pas se battre. Et c’est bien plus original. Autant que c’est méchant. Un départ non-annoncé, suivi d’un mépris surplombé d’ignorance. J’ai entendu cette drôle d’histoire au café un matin. Une fille a découvert que son petit ami la trompait. Et pas qu’un peu. Il menait clairement une double vie. Avec Sylviana. Double vie qu’il justifiait en lui disant qu’il devait partir quelques jours par çi, pour une réunion et par là, pour un contrat. Après avoir pleuré deux heures, elle a trouvé que c’était du gâchis que de laisser couler ce mascara MAC sur ses joues. Elle a donc tout prévu pour le lendemain matin : un départ dans les règles de l’art. Comme tous les matins, café de Monsieur servi au lit avec un sucre et une goutte de crème (agrémenté d’un crachat -petit-, il faut l’avouer). Monsieur part travailler et l’embrasse sur le front. La bande de copines débarquent, mission emballage d’habits, maquillages et autres produits de beauté. Le reste n’est qu’encombrement. Un coup de club de golf dans le téléviseur 32 ». Un petit mot sur la cafetière « J’espère que Sylviana sait faire du café ». Il ne manquait plus que d’être une mouche et de venir espionner au retour de Monsieur.

Pour être originale, il y a aussi la solution de rester. Mais de redoubler de créativité dans l’entreprise de pourrissement de vie des moitiés infidèles. Faire une lessive trop chaude. Renverser le café sur sa cuisse. Oublier de laver tous ses caleçons. Repasser sa chemise avec un faux-pli. Oublier de changer les piles du réveil. Verser du lait qui a tourné dans son café. Echanger malencontreusement les pots de sel et de sucre. Percer ses pneus le jours de la réunion ultra-méga-importante. Casser l’ampoule de la salle de bain où les épingles à cheveux se sont renversées. Il suffit de se laisser emporter dans les flots du quotidien.

Pour exemple, il y a quelques temps, un fait divers a fait le tour du web : un homme a été quitté par sa femme, une fois qu’elle l’eut trompé. Il décida donc d’acheter la maison en face de celle de son ex-femme. Déjà, je trouve ça fort. Mais le personnage est encore plus inventif. Comme celle-ci ne perdit pas de temps avant de vivre avec son amant, le mari trompé investit plus de 7000 dollars pour faire construire un doigt d’honneur géant, 4 mètres de haut tout de même, dans son jardin. Et dans son élan de gentillesse, il a aussi ajouté des éclairages nocturnes afin que cette charmante personne malhonnête puisse profiter de la vue même de nuit. En voilà de l’argent bien dépensé !

La vengeance enfantine – Chapitre second

Précis de petites vengeances

L’esprit de vengeance apparaît dès l’enfance. La douce enfance. La tendre enfance. Cette enfance où tout le monde croit que l’on est innocent. Surtout nos parents quand on les regarde avec nos charmants yeux. On s’en rappelle tous de ces moments où l’on sait qu’on a fait une connerie et qu’on va se faire gronder (oui, quand on est enfant on dit pas de gros mots!), alors, on regarde nos parents, en disant « je suis désolé » des yeux et l’on tire sur notre pull avec nos petites paluches. On sait parfaitement qu’ils sont prêts à tout nous pardonner, surtout avec une bouille pareille, mais bon il faut faire bonne figure, alors on est quand même puni. Mais toujours un peu moins que ce qui était prévu. Cette capacité baisse avec l’âge, inversement proportionnel à la croissance de notre inventivité en matière de vengeance. Parce que oui, quand on est enfant, on se venge comme on peut. Et puis, on veut pas perdre tous ses copains d’école, donc on essaie de rester discret. Mais un enfant n’est jamais discret. C’est un peu comme un chat, quand il fait une connerie et que tu t’approche dudit lieu où tu vas trouver une crotte, il s’enfuit se cacher. Les enfants sont pareils. Et puis, c’est maladroit. A croire qu’avant 20 ans (et encore), l’humain est atteint d’un léger (ce n’est pas un sarcasme… Non, non, du tout) problème de préhension et coordination palmaires. Sans parler des pieds. Et à partir de 60 ans, ça se détériore à nouveau.

Heureusement, une fois âgé, t’as le droit de te venger et c’est même conseillé de faire des crasses, ça amuse les petits enfants. Ah oui, parce que les enfants sont sadiques. La preuve, ils torturent les insectes ! Et puis, ils se moquent du malheur des autres (bon, nous aussi, mais on se tient un peu. Parfois…).

Donc les enfants sont sadiques, surtout entre eux. Vous vous rappelez de celui qui vous volait votre goûter, ou de celle qui vous tirait les cheveux ? Et combien de fois n’a-t-on pas fait souffrir notre voisin de classe ? Oui, oui, on se rappelle, mais bien entendu c’est un vague souvenir, mais inavouable. Surtout, on se rappelle que « c’est lui qui a commencé ! ». Coup classique. C’est toujours l’autre qui commence, alors on se venge, puis pour l’autre « c’est toi qui a commencé » alors il se venge et on finit avec des crayons cassés et des cahiers gribouillés. Ok, c’est pas dramatique, mais à l’époque ça l’était ! Vous niez mais c’est parce qu’on ne vous a jamais déchiré la fourre que votre maman avait fait pour votre cahier. Déjà, c’est méchant parce que c’est ma maman qui l’a fait, et en plus, j’ai eu une remarque dans mon agenda. Pour un enfant, c’est terrible. Pour les enfants, la frustration n’existe pas. Tout n’est que plaisir et caprice. Alors personne n’a le droit d’être méchant avec. Tu dessines sur mon cahier, je détruis le tien. Tu vole mon goûter, je pèterai sur le tien. Et oui, y a pas de juste milieu. C’est tout ou rien, noir ou blanc. Mais ça, c’est à cause des dessins animés où tout est manichéen, être le méchant c’est pas bien, être le gentil c’est bien. Alors si quelqu’un m’embête et ben je me défend. Visiblement, ils ont manqué la leçon intitulée « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse ». Ou peut-être que y a pas de leçon sur ce thème. C’est vrai qu’on l’apprend tous à nos dépends. M’sieurs, M’dames les Professeurs, veuillez laisser tomber les mathématiques (de toute façon, on aime pas ça) pour nous apprendre cette règle si simple du savoir-vivre. Passons, passons.

En remontant le temps (comme toute personne sentant les 30 ans plus proches que les 20), je me suis remémorée tous ces vieux coups que j’ai pu faire, juste parce que ça n’allait pas comme Madame la Princesse l’avait décidé. Tenez, un jour, j’ai pris une punition d’allemand, 100 flexions tout de même, à cause de ma voisine de classe qui hurla de façon impromptue lors du cours. Impromptue n’est pas le terme. J’avais trouvé un petit tournevis et j’ai voulu tester si ça se vissait dans la peau humaine (la sadisme enfantin). Donc, j’ai testé. Et oui, ça visse. Donc, elle a hurlé. Donc, la prof a demandé ce qui se passait. « C’est pas moi, c’est Sara ». « Sara, je veux 100 flexions pour demain, avec des verbes différents » (j’étais une élève dissipée et la prof le savait… Pas besoin de prouver que c’était moi. Et je pense que mon regard surpris n’a pas joué en ma faveur). Donc, j’ai rendu la punition le lendemain. Mais je n’en ai fait que la moitié. Ma voisine de classe avait hurlé et m’avait balancé, moucharde. Elle en a fait l’autre moitié.

Il faut avouer que parfois, je perdais. Plus tard dans ma scolarité, j’avais une voisine de classe un peu taquine. Je dis un peu, mais c’était tous les jours ! Elle gribouillait mes affaires (à 16 ans, c’est toujours marrant), je faisais pareil, pour ne pas me laisser faire. Jusqu’au jour où j’ai réalisé qu’elle avait été plus maline. Je vous situe l’histoire : examen d’histoire, histoire et moi pas vraiment copain, notes d’histoire comme seul secours. Je lis la question. Je panique. Je relis la question. Je repanique. Je lis encore la question. J’essaie de la comprendre. J’ai envie de pleurer. Je respire. Je prends chaque mot un par un. « Lors de gnia gnia gnia… ». Alors gnia gnia gnia. Trouvé dans mes notes. « … il y a des éléments marquants. Lesquels ? ». Relecture accélérée. « Il y a trois cacas : ». Comment ça, trois cacas ?! J’ai quand même pas noté ça ?! J’essaie de trouver le vrai mot. Je me tapote le menton de mon stylo effaceur. Oh le stylo effaceur ! Elle (oui, ma charmante et adorable camarade) a effacé le mot et l’a remplacé par caca. Et c’est là que j’ai abdiqué. Bien sûr, j’ai continué cet agréable petit jeu, j’allais pas avouer publiquement ma défaite. Surtout que cette brave guerre faisait marrer toute l’assemblée, et nous avec. Mais ses vengeances étaient inégalables.

Il ne faut pas perdre de vue que la vengeance est un apprentissage de la vie. C’est comme apprendre à marcher, c’est presque inné. En effet, enfant, nous sommes adeptes du caprice pour faire entendre notre mécontentement. Taper des pieds, casser des objets, se jeter à terre, pleurer en public et je passe ceux des enfants les plus insupportables. Mais avec l’âge, ça fait un peu mauvais genre. Imaginez Mamie se jeter à terre et taper des pieds parce qu’ils n’ont plus son whisky en rayon !

On explique donc aux enfants, par des moyens plus ou moins radicaux, que ce n’est pas un comportement acceptable. Ma mère m’a mordu la cuisse pour me faire cesser de criser et tenez vous bien, je me suis tue et jamais, au grand jamais, n’ai osé réitérer cette expérience. On apprend donc, à notre plus grand regret, que la frustration fait bel et bien partie de la vie et que le principe de plaisir n’est qu’un vilain mensonge crée par notre cerveau puéril d’enfant. Alors, on écoute le principe de réalité et on essaie d’accepter la frustration. Chose impossible. Personne ne peut accepter de se laisser faire par Frustration, traîtresse ultime de nos envies. Puis, le dernier caprice explosé, l’enfant devient Adulte. Adulte frustré. Adulte prisonnier de la toile des normes. Toile des normes dont il se libérera en étant vicieux. Alors la leçon suivante commence, et c’est Vengeance qui s’improvise maîtresse d’école.

Un peu de savoir-être – Chapitre premier

Précis de petites vengeances

Avant tout propos, la conjugaison. Oui, il est très important de savoir conjuguer les verbes. Et se venger en fait partie. Surtout quand on choisit de pratiquer ce huitième art humain. Je vous parle d’un huitième art car les sept premières places ont déjà été attribuées par Etienne Souriau, en 1947. Faudrait revoir ce classement depuis le temps, surtout avec l’arrivée d’internet, de Wikipédia et d’un choix affolant de chaines télés. Bref, ce philosophe français a classé sept arts sur la base de leur caractéristiques sensorielles. Vous me direz que la vengeance n’est pas un art, pourtant il me semble en avoir toutes les caractéristiques : expression, imagination, perception possibles diverses, représentation/abstraction. Mais c’est un autre débat.

Je vous présente ici, un tableau de la plus haute importance :

Ce tableau est à utiliser dans un laps de temps très court, ou lors d’une conversation avec quelqu’un qui ne parle pas bien la langue, attention à bien coupler le verbe avec des adverbes simples, ou une personne plus simple (ceci n’est pas une injure, juste un constat que certaines personnes ont eu moins de chance que d’autres, à savoir vous, mes lecteurs). Il est donc conseillé d’utiliser les temps de conjugaison présenté dans ce tableau dans la vie quotidienne, au bureau, avec votre doudou, entre amies. Il est important de bien les utiliser pour garder toute crédibilité. Rester crédible est important, de manière générale, bien entendu. Rien de plus classe qu’une personne appliquant une éloquence irréprochable. Parce que oui c’est moche les erreurs. Même dans une ère SMS où l’on sait à peine écrire « parce que » (non, l’orthographe correcte n’est pas pck).

Sachez utiliser les bons mots, au bon moment, cela vous donnera de la cohérence et les gens vous écouteront. Soit, utiliser les mots appropriés en fonction de votre interlocuteur, car oui s’il ne comprend qu’un mot sur trois, vous risquez de perdre son attention. Ah, et au risque de vous apprendre une chose simple, ne confiez pas n’importe quoi à n’importe qui, surtout si c’est votre plan de vengeance. La « populace » a la bouche qui traine et la langue qui fourche ! Il suffit qu’une personne malintentionnée, ou juste un peu simplette (la copine « met-les-pieds-dans-le-plat » qu’on adore mais à qui l’on ne confie rien) parle de vos idées en mauvais compagnie, cela pourrait remonter à votre justiciable, mais ça, on le traitera plus tard. Veillez à ne pas vous lancer dans cet art avant la fin de ce précis, le chapitre onzième n’ayant été rédigé que pour vous faciliter la vie.

Revenons à la conjugaison, lors d’un apéro dînatoire (ça fait très chic), car oui, la vengeance est socialement acceptée lorsqu’elle est justifiée et suffisamment classe. Dans ce genre de cas, il est conseillé d’utiliser des conjugaisons au passé composé, « je me suis vengé », au plus-que-parfait, « je m’étais vengé » ou au futur, le futur antérieur faisant un peu trop lâche, et il faut admettre qu’on ne marque pas de point « audace »1 dans la jungle sociale en disant « je me serai vengé », sauf si la suite implique un accident à votre victime.

Bien entendu, on ne souhaite pas malheur à quelqu’un, surtout si cette personne ne vous a rien fait. Tenez, un jour, je regardais une fille se délecter de ses frites, une par une, en plusieurs morces. Durant une demi-seconde, je l’ai imaginée, tombant de son tabouret et renverser ses frites sur son visage, ce qui c’est effectivement passé dans la minute qui a suivi. Toutefois, lors de vengeance, il ne faut pas souhaiter du mal à autrui, ce qui nuirait fortement à notre Karma, il faut assumer distinctement les raisons et les conséquences (ce qui fera croire au Karma que c’est une bonne chose et non de la méchanceté bien que méritée) mais nous expliciterons ceci à la fin de l’ouvrage.

Vous comprendrez que je n’ai pas cité le conditionnel, la vengeance est une décision qui s’impose et non que l’on pense, peut-être, éventuellement, pouvoir choisir. La vengeance s’inspire en elle-même, d’elle-même. La méthode de vengeance est certes un choix, mais ce choix n’est que le résultat d’un sentiment si puissant qu’on ne peut y déroger.

Frustration et injustice envahissent notre amygdale, soit LE centre des émotions. Oui, celui-la même qui vous pousse à l’hystérie et la crise de larmes. C’est physiologique, il faut un déclencheur pour amener le système nerveux autonome à agir et réagir. Un peu comme danger = fuite ou mécontentement = cris, ici c’est frustration = vengeance. Bah oui, on est mécontent, mais on a pas le droit de crier, alors on se frustre, à la limite on s’offusque et plus rien ne va. Cause à effets. Effets des plus graves, surtout en nous, où ça bouillonne comme un jeyser. Ce cri reste coincé comme une arête, en travers de la gorge.

Mais bon, c’est pas si simple. Enfin si, mais la vengeance est bien plus complexe, ne serait-ce que pour la conception du plan parfait. Depuis 2004, il serait prouvé que la vengeance, dans certaines circonstances, provoque du plaisir. En effet, ce petit piquant viendrait de la stimulation du centre du plaisir, un peu comme un addict qui prend sa drogue. Et c’est exactement une drogue, illicite dans certains cas mais tolérée dans d’autres. C’est drôle ce parallèle : on n’a pas le droit de tuer ou de blesser quelqu’un, même pour se venger (et des fois, ça démange, je vous l’accorde), tout comme on n’a pas le droit de consommer des drogues, même un petit pétard, par contre, on peut se venger, par la loi ou par un sale coup presque innocent, tout comme on peut boire un verre de vin.

Plus précisément, Michael McCullough, professeur à l’Université de Miami, explique qu’il y aurait une logique de la revanche. Les animaux sociaux ont des mécanismes dans leur cerveau qui les empêcherait de blesser leurs semblables, sauf ceux qui ont choisi de faire du mal (on n’a pas dit que les animaux sociaux avaient un mécanisme de soumission illimité), ainsi la logique de la revanche peut être appliquée à titre de « punition » pour ces hérétiques. C’est ce qu’on appelle en économie le modèle coût-bénéfice : plus la vengeance est forte, moins le mal perpétré est rentable au vilain qui vous a blessé.