Les Darwin Awards

Si j'avais un gueuloir

Dans notre société, on a peur de mourir. Que ce soit d’une crise cardiaque ou d’une atroce maladie. Mais étonnamment, l’humain, si effrayé de mourir soit-il, fait des choses stupides. Perpétuellement. Les Darwin Awards n’en sont qu’un exemple flagrant.

Entre l’homme qui a ouvert la lettre piégée qu’il avait envoyée et qu’il lui a été retournée parce qu’il a oublié d’y coller le timbre et le couple qui, s’ennuyant dans sa voiture, a allumé un bâton de dynamite pour le lancer par la fenêtre tout en laissant les fenêtres fermées, les Darwin Awards récompensent les morts les plus crétines.

  • Le 25 septembre 1994, un étudiant déguisé en Dracula prépare la touche finale de son costume : une planche de pin sous son t-shirt avec un couteau planté. Mais la planche ne résista pas au coup de marteau censé planter ledit couteau, qui pénétra en plein cœur de l’étudiant.
  • Le 10 octobre 1999, un jeune homme s’ennuyait seul dans un but de football. Comme on le sait, l’ennui nous rend étrange. Comme les enfants qui attendent les parents à la sortie de l’école, une veste coincée entre les dents et masquant leur vue pendant qu’il tourne en rond en hurlant comme une chauve-souris (soyez des bons parents, ne faites pas attendre vos enfants. Ou filmez-les.). Enfin, ce jeune homme trouva amusant d’escalader le goal avant de se laisser glisser depuis le haut du poteau. Un crochet accroché sur le poteau l’arrêta, lui arrachant un testicule.
  • Le 14 mai 2015, une femme, en quête du selfie absolu, est montée sur le toit d’un train. Allongée sur le dos pour la photo à 100’000 like, elle a touché un câble électrique avec son pied. 27’000 volts et une admission aux urgences plus tard, elle est décédée.
  • Dans la même lignée, le 7 juillet 2015, alors que l’orage gronde, un quinquagénaire britannique se promenait au sommet d’une colline dans le parc de Brecon Beacons et, histoire d’agrémenter son profil Facebook, tentait de se prendre en photo avec une perche à selfie. Mort foudroyé, son bâtonnet à like à la main.

Avant, on mourrait bêtement sans raison. Maintenant, on meurt bêtement, mais au moins, c’est pour un pauvre like. Paix à leur âme. Un selfie en hommage ?

L’amitié

Si j'avais un gueuloir

Le temps fait les amitiés. 

Et les amitiés défont le temps. 

Mais les amitiés, celles qui jalonnent ta vie et font ce que tu es devenu. Toi, petit bout de femme si indécis. Toi, petit homme si fort. Toi, grand cœur d’artichaut. Et toi, petite peur de l’abandon rassurée. 

On peut dire que généralement, elles nous apportent beaucoup. Ne serait-ce qu’en heures de longévité vu le temps qu’on passe à rire avec nos amis. Mais elles te forgent aussi. Parfois à coups dans la gueule.

L’amitié, c’est ça. C’est cette partie de ton cœur où ceux que tu aimes ont le droit de te dire ce qui blesse. Ce n’est jamais un jugement, toujours un conseil. Ce n’est jamais une moquerie, toujours un signe de complicité. Ce n’est jamais un crise de nerfs, toujours un cris du cœur, souvent blessé. Si un ami te dit qu’il ne te voit jamais, ce n’est pas qu’il te reproche de ne pas être là, c’est qu’il souffre de cette distance. Alors oui, il y a d’autres moyens de le dire. Des moyens plus adéquats… 

Mais c’est ça aussi, un ami. Une personne qui ne porte pas de masque face à toi. Elle te dira « tu m’emmerdes », au lieu de faire semblant de t’écouter. Elle te dira « tu as tort » plutôt que de jubiler de ta chute. Elle sera là quand tu pleures au lieu de t’écrire depuis LA soirée trop bien que TU rates. Un ami t’accepte avec tes défauts et prend soin de tes douleurs. Il connaît tes faiblesses et fera en sorte de les panser. Il saura te montrer que ta peur est incohérente, non pas en hurlant, mais en te prouvant le contraire, jour après jour, mois après mois, voire années après années, s’il le faut. Il persévérera jusqu’à ce que tu redeviennes rationnel.

C’est pour ça qu’on ne se cache jamais d’un ami. Qu’il soit un ami de longue date, ou de quelques semaines, c’est un feeling qu’on sent…ou pas. Un feeling de proximité parfois ou un feeling malsain. Celui où tu ne sais si tu peux te fier au regard étrange de cet inconnu, car finalement nous ne sommes que des inconnus les uns pour les autres. Des inconnus qui communiquent. Communication d’un instant. Un instant où se crée cette étincelle. Etincelle de sincérité. Sincérité d’amitié. Ou étincelle parfois factice. Car malheureusement, on ne sait pas tous aimer. On ne sait que s’aimer. Mais aimer, en amour ou en amitié, c’est juste avoir besoin de l’Autre pour ce qu’il est. Alors oui, on attend tous quelque chose de notre ami. Ne soyez pas hypocrites et acceptez qu’on attend toujours quelque chose des autres. Mais on attend quelque chose parce que c’est important. On attend un geste, une parole parce que ça nous importe. Il ne faut pas confondre attendre quelque chose car on aime et faire quelque chose dans le but d’obtenir un retour. Sinon vous êtes psy et on vous paie pour écouter.

Apprendre à voir ses propres défauts pour accepter que les autres aussi en ont. Car oui, on nous dit toujours d’accepter ses défauts, comme si autrui n’en avait pas. Alors on les accepte, à contrecœur, parce que ça fait mal. On finit par les revendiquer, parce que ça dédramatise. « Je suis une sale princesse capricieuse ouais, mais moi au moins j’avoue ». Oui, accepter que personne n’est parfait, c’est accepter qu’il faut arrêter d’attendre des choses que l’on ferait pour nos amis. Parce que nos amis, ce n’est pas nous et que c’est pour ce qu’ils sont, qu’ils le sont, nos amis.